"Face-à-face avec les altérités technologiques" Le livre blanc comme nouveau format de recherche

 

Depuis presque 3 ans, dans ce laboratoire commun qui regroupe des entreprises, des laboratoires de recherche, des chercheuses et chercheurs et des doctorant·e·s, nous questionnons la place de la robotique et plus précisément la robotique sociale en étudiant les usages qui en sont fait dans différents environnements : les établissements de gériatrie, l’industrie ferroviaire ou encore le domicile des personnes fragiles qui vivent avec un animal de compagnie. 

Sans attendre la fin de ce laboratoire, nous avons voulu proposer à notre communauté un temps de recul et une rétrospective sur nos actions, pour mettre en mouvement (nous l'espérons !) nos idées, visions et directions communes. Et c’est comme ça qu'est né l’ouvrage que nous avons appelé “Face à face avec les altérités technologiques. Regards et expériences croisés au sein d’un laboratoire commun de recherche-action”. 

La notion d’altérité technologique est importante pour nous car nous travaillons sur des technologies qui changent en permanence de statut, de l’objet au sujet et vice versa, ils sont parfois invisibles en se faisant oublier parmi les objets du quotidien, mais ils peuvent aussi une présence forte dans certaines situations, on parle d’ailleurs dans nos travaux d’effet de présence de ces entités.

Par cet ouvrage, nous voulons continuer le travail de déconstruction et reconstruction des imaginaires puissants de la robotique et de l’IA.

comment il s’organise ?

Nous l’avons imaginé comme une fabrique où chaque partie prenante est en dialogue avec les autres pour bâtir une connaissance commune. 

Il se compose de cinq sections: au cœur on retrouve le travail des doctorantes et doctorants. Il s’agit d’un article qui amène une réflexion sur la robotique sociale à travers une approche historique et un état de l’art scientifique présentant les avancées actuelles de ce domaine avec toutes ses promesses et limites.​​ Ensuite autour de nos doctorantes et doctorants, la deuxième et la quatrième section dévoilent des interviews individuels avec les partenaires, d’un côté les porteuses et porteurs de projet dans les entreprises et de l'autre les chercheuses et chercheurs dans les laboratoires. Enfin, les deux sections d’ouverture et de clôture sont multi-voix et abordent les motivations des partenaires pour faire partie de ce consortium au début et leurs avancées et moments forts à la fin. Ce livre matérialise finalement l’idée de communauté apprenante qui nous est chère.

 
 

qu'est-ce que ça nous a apporté ?

En termes de format nous avons trouvé l’exercice extrêmement riche. Cela a dépassé nos premiers objectifs de vulgarisation et de communication. Nous avons été intimement plongés au cœur des quotidiens des partenaires, nous avons échangé sur le bilan de nos actions en communs et sur ce qui était souhaitable pour le temps qui nous reste ensemble. Enfin dans un laboratoire commun sur 4 ans, les envies de démarrage ont changé, les préoccupations de nos porteurs de projets ont changé, les valeurs et les priorités aussi. Ainsi en tant qu'animatrices de ce laboratoire vivant en pleines mutations, nous avons profité de ce format pour une mise à niveau : est-ce que nos partenaires avaient les mêmes hypothèses sur la robotique sociale, les mêmes envies d'expérimentation, de déploiement ?

qu’est-ce qu’on a appris ?

Nous avons aussi appris que la robotique sociale est un spectre large de représentations plus ou moins mythologiques, d’expérimentations plus ou moins réussies. Ainsi le robot social est défini ici comme ce qui apporte un bénéfice expérientiel individuel ou collectif grâce à une interaction (soit avec le robot, soit avec d’autres personnes mais provoquée par le robot). Ce qui lie tous les témoignages c’est toujours le rêve d’un monde meilleur, où la technologie ne remplace pas l’humain mais lui permet de vivre pleinement son humanité

Et que veut dire vivre pleinement son humanité ? Il s’agit d’explorer comment la technologie peut permettre de s’épanouir dans son travail et de se lier aux autres, que ce soit dans le cadre médical ou dans le cadre industriel voir en ouvrant vers d’autres cadres d’interaction sociale.  


Nous souhaitons que cette posture auto-critique initiée avec cet ouvrage nous guide pour la suite pour trouver la juste place de la technologie et penser son impact (social, environnemental, anthropologique). Encore une fois le design et les designers ont un rôle à jouer grâce à la culture du faire, la force de représenter et de penser la vie ensemble et nous réapproprier notre “potentiel d’être” comme le dit le philosophe Michel Puech.

 

Regardez la vidéo de présentation !

 
 
Emna Kamoun